Le sommet de Rio de Janeiro, 1999.
A Rio de Janeiro, en juin 1999, le premier sommet Union européenne - Amérique latine et Caraïbes (ALC) lançait l'ambition d'un "partenariat stratégique birégional" à la fois économique, politique, social, culturel et technologique. Des actions prioritaires étaient recensées.
Ce partenariat se concentrait sur:
• le renforcement de la démocratie représentative et participative et de la liberté individuelle.
• l'État de droit, la bonne gestion des affaires publiques et le pluralisme.
• la paix et la sécurité internationales.
• la stabilité politique et l’instauration de la confiance entre les nations.
*Dans le domaine politique, il y a 3 points essentiels.
1- renforcer le dialogue institutionnel entre les deux régions.
2- préserver la démocratie et promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
3- s’unir pour affronter les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales.
*Dans le domaine économique.
1-renforcer le système du commerce multilatéral, ouvrir le régionalisme et à intensifier les relations économiques entre les deux régions.
2-promouvoir la libéralisation du commerce afin d’accroître la prospérité et de combattre les effets déstabilisants des flux financiers volatils.
3- fournir une attention et un soutien particuliers aux pays ayant des économies moins importantes par le biais de mesures d’incitation pour un investissement productif.
*Dans les domaines éducatif, culturel, scientifique, technologique, social et humain.
1-promouvoir le rétablissement, la protection et une meilleure connaissance du vaste héritage culturel des deux régions;
2-promouvoir un accès universel à l’éducation;
3-promouvoir et à préserver la diversité culturelle.
Le sommet de Madrid, 2002.
Le second sommet, à Madrid en mai 2002, évalua la mise en oeuvre des engagements souscrits à Rio. Ils furent précisés et élargis.
Malgré les frustrations liées à la lenteur du processus, le deuxième sommet Union européenne (UE)-Amérique latine et Caraïbes (ALC) réuni à Madrid les 17 et 18 mai a confirmé le rapprochement de ces 48 pays de deux continents, conformément à la vision de "partenariat stratégique" définie lors du premier sommet, à Rio de Janeiro en 1999. Le poids commercial grandissant de l'UE accroît aussi son influence diplomatique et favorise l'émergence d'un monde multipolaire qui ne serait plus dominé par les seuls Etats-Unis, au profit desquels l'Amérique latine était jusqu'il y a peu une chasse gardée.
Les échanges commerciaux entre l'UE et l'ALC ont doublé au cours des dix dernières années. En 2000, selon les statistiques d'Eurostat, l'ALC absorbait 6% (58,2 milliards d'euros) du commerce extérieur de l'UE et 12% de ses investissements directs, dont un tiers pour le seul Brésil. En échange, l'Union européenne recevait 9% des exportations totales de l'Amérique latine et des Caraïbes.
L'enregistrement de l'aboutissement des négociations sur l'accord d'association entre l'UE et le Chili est le meilleur résultat symbolique du sommet de Madrid.
Le sommet de Guadalajara, 2004.
Le sommet de Guadalajara a montré si le partenariat entre l'UE et les pays ALC est ou non une réalité cinq ans après le lancement du processus.
Malgré la rhétorique et la lenteur qui le caractérisent, ce rapprochement birégional a une signification tant politique que commerciale. Tenu dans "l'arrière-cour" des Etats-Unis, il en symbolise d'autant mieux le souhait de l'Europe et de l'Amérique latine d'opposer à l'hégémonie américaine un monde multipolaire.
Lors du III Sommet de l'Amérique Latine, des Caraïbes et de l'Union européenne du 29 Mai 2004 à Guadalajara, au Mexique, l' engagement a été pris de parvenir à un accord de libre-échange entre le MERCOSUR et l'Union européenne et il y a eu des avances avec l'Amérique Centrale et la Communauté Andine des Nations pour des accords similaires.
Bien que l’on s’attendait à ce que le sommet de Guadalajara aboutisse à des accords issues des négociations entre le MERCOSUR et l'Union européenne, des différences persistent à être les mêmes. Les Européens ont insisté pour une ouverture plus importante dans le secteur des services et accepté des négociations sur des points comme les règles d'investissements, les achats d’Etat et la propriété intellectuelle. Le bloc sud-américain, de son côté, a demandé à l'Union européenne un meilleur accès aux marchés agricoles.
L'Union européenne a insisté auprès des pays des Andes et de l'Amérique centrale sur l’exigence de la création d’un marché commun, avant de négocier avec eux un accord de libre-échange. « Nous espérons que l'Amérique Centrale et la Communauté des Andes créent un marché unique pour être capables d'être les associés de l’Europe dans un accord de libre-échange », a déclaré le directeur des négociations bilatérales de la Commission européenne, Carl Falkenberg.
Le sommet de Vienne, 2006.
Le sommet Europe/Amérique latine/Caraïbes qui s’ est tenu en mai 2006 à Vienne, a réuni pour la 4ème fois les chefs d’Etat et de gouvernement des deux rives de l’Atlantique. Il s’ est inscrit dans la logique en cours du « processus de Rio » qui consiste, selon la déclaration du sommet de Rio de Janeiro de juin 1999, à créer un « partenariat stratégique birégional ». Alors que pour l’ Union Européenne cette stratégie transatlantique s’inscrit dans la volonté de renforcer sa présence et son influence tant politique qu’économique sur la scène latino-américaine et mondiale, elle apparaît aux yeux des pays et groupements régionaux d’Amérique latine et des Caraïbes comme un levier pour leur « désenclavement intercontinental ».
Le partenariat s’articule autour de trois dimensions stratégiques.
1-des relations économiques et financières.
2-une coopération dans les domaines de l’éducation, de la science, de la technologie et dans les domaines culturel, humain et social.e.
3-un dialogue politique dont l’objectif est, notamment, de donner la possibilité aux partenaires de faire valoir, dans les instances multilatérales, les points de vue sous lesquels il existe une convergence de vue et d’intérêts. Une place importante est également accordée au développement de l’intégration régionale.
Ces différents sommets apportent ainsi un cadre relationnel commun. Néanmoins, étant donné que l’Amérique latine et les Caraïbes ne constituent pas une identité homogène et unitaire leur permettant d’agir en bloc sur la scène mondiale, les parties des deux continents se sont attelées à développer une stratégie sur base d’approches différenciées articulées en fonction des réalités nationales et régionales. Les différents sommets, ont multiplié les mini-sommets parallèles et bilatéraux comme autant de poupées russes prenant en compte la diversité et l’hétérogénéité de la zone latino-américaine et caribéenne contrairement au projet étasunien de créer une zone de libre-échange des Amériques (ZLEA ou ALCA) qui se déroule en parallèle. Des réunions séparées ont ainsi lieu lors de chaque sommet entre les leaders européens et les chefs d’Etat de la CARICOM, des pays d’Amérique centrale, de la Communauté andine, du MERCOSUR, du Chili et du Mexique. Ces sommets constituent une occasion de présenter les résultats du partenariat stratégique : alors que Rio annonça le lancement des négociations commerciales entre le MERCOSUR et l’UE, Madrid permit de présenter l’accord d’Association Chili/UE, Guadalajara marqua le début des négociations commerciales entre l’UE et la CAN ainsi qu’entre l’UE et l’Amérique centrale.
Le contre-sommet de Vienne, Mai 2006.
Tandis que les stratèges de l’UE et du Forum des affaires exploiteront la solennité du IVe Sommet des chefs d’Etat d’Europe et d’Amérique latine, un autre événement a eu à Vienne : le contre-sommet des organisations sociales d’Europe et d’Amérique latine, « Enlazando Alternativas ». Relier les alternatives nées en Amérique latine avec celles produites en Europe dans un double but : faire la lumière sur le rôle des transnationales en Amérique latine, et montrer que les programmes de coopération ne répondent guère à leur prétendue finalité.
En ce sens il convient de rappeler que la société civile a déjà exprimé de vives critiques à l’égard de la stratégie de l’Union européenne en Amérique latine. Les organisations et ONG regroupées autour de l’ALOP, interlocuteur officiel de la Banque interaméricaine de développement avaient été réunies à Patzcuaro (Mexique) un mois avant le Sommet de Guadalajara en 2004, pour montrer que l’UE fait grand cas de la société civile. Or, surprise, la plupart de ces associations et ONG ont refusé de servir de caution populaire aux décisions des « experts ». Elles ont émis une déclaration qui critique violemment les procédés de l’ UE.
OBSERVATOIRE DES RELATIONS
UNION EUROPEENNE-AMERIQUE LATINE (OREAL-EULARO)
Le besoin de disposer dans les prochaines années d’un outil spécialisé qui réunit les compétences dans le domaine des relations entre l’Union européenne et l’Amérique latine a conduit la Commission européenne à lancer l’Observatoire des relations UE-AL (OBREAL-EULARO).
Les objectifs d’OBREAL.
L’objectif d’OBREAL est d’identifier et de développer toutes les possibilités de partenariat entre les deux régions en s’appuyant sur l’expertise disponible dans les réseaux d’instituts UE et AL, pour une meilleure compréhension des problématiques régionales et sectorielles qui influent sur la définition des politiques.
OBREAL à pour buts de :
1. Contribuer à la réflexion sur les défis communs que les 2 régions sont appelées à relever ensemble et sur les enjeux de leur relation.
2. Prendre en compte la dimension des relations des 2 régions avec d’autres régions du monde.
3. Renforcer les relations entre instituts UE et AL disposés à mettre en commun leurs capacités d’étude et d’information, réflexion, perspective et analyse stratégique.
4. Promouvoir des activités spécifiques liées au partenariat bi-régional sur des thèmes d’intérêt commun en respectant les attentes de chacun.
5. Rassembler les connaissances dans les domaines pertinents des relations UE – AL afin de nourrir les réflexions en vue du renforcement du partenariat entre UE et AL.
6. Favoriser la diffusion par les moyens appropriés, tant en UE qu’en AL, des informations pertinentes relatives aux relations entre UE et AL et une vision stratégique de ces relations.
Les sources.
TURNEY Jordana.